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L’Art de perdre, une rencontre avec la romancière Alice Zeniter et l’historienne Sylvie Thénault

Publication : (actualisé le ) par Jérémy MARTIN

L’Art de perdre, une rencontre avec la romancière Alice Zeniter et l’historienne Sylvie Thénault, autour du récit qui a reçu le prix Goncourt des Lycéens.

Le lycée Georges Braque a eu le plaisir de recevoir la lauréate du prix Goncourt des Lycéens, Alice Zeniter et l’historienne Sylvie Thénault, ancienne élève du lycée et actuellement chercheuse au CNRS, pour une rencontre qui a rassemblé des habitants d’Argenteuil, curieux d’histoire et de littérature, des élèves et des professeurs du lycée.

Dans un échange à deux voix, conduit par M. Dominique Mariette, président de l’association "Sous les couvertures", Alice Zeniter et Sylvie Thénault ont retracé la trame complexe, souvent conflictuelle et encore empreinte de silence, d’une histoire croisée de la France et de l’Algérie. Par son très beau titre, le roman convoque les "perdants", pas seulement d’une guerre, mais de la colonisation et de l’émigration, bref de toutes les douleurs inhérentes aux tensions et incompréhensions qui font l’histoire des hommes. L’auteure redonne ainsi la parole aux vaincus, souvent oubliés par une Histoire qui, selon l’expression désormais consacrée, est "écrite par les vainqueurs". Elle déploie devant nos yeux une vaste fresque familiale, s’intéressant aux destins de trois générations. C’est l’occasion pour Alice Zeniter d’évoquer un sujet inédit, l’exil "harki" à l’issue de la guerre d’Algérie, mais aussi d’aborder les thèmes de l’immigration, de l’intolérance et du racisme, tout en mettant en lumière les affres de la crise identitaire de cette famille.

Au-delà du sujet du roman, nous étions ainsi tous convoqués : qui, du militant de l’Internationale, nostalgique d’une lutte universelle qui aurait dépassé les clivages nationalistes, qui de l’ancien appelé, ravivant les souvenirs d’une réalité si déroutante dans les montagnes algériennes aux côtés de villageois perplexes devant ce qu’on a appelé pudiquement "les événements", qui de nos élèves découvrant, à l’instar de la romancière, un passé méconnu. C’est pourquoi cette rencontre a eu la vertu de fédérer et de nous questionner chacun sur notre propre identité et les failles de notre mémoire familiale.

Ce dialogue a été prolongé par un verre de l’amitié où les expériences de tous ont pu être partagées dans un moment authentiquement citoyen.

Frédérique Masson, Bénédicte Morin, Kieran Wielhem Ducteil (Lettres/ Histoire)