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THLP - Visite guidée de l’exposition Bijoy Jain / Studio Mumbai "Le souffle de l’architecte"

Publication : par Jérémy MARTIN

Mercredi 27 mars 2024 : gare d’Argenteuil, 8h45, en attendant le train et « en attendant demain » , 28 élèves de HLP et deux professeurs, Madame MASSON et Madame BEAULIEU, partent en quête de réponses à deux questions : qu’est-ce que l’Humanisme et, par essence, qu’est-ce qu’être humain ? et comment science et humanisme convergent sous l’impulsion de deux artistes, l’un architecte, l’autre styliste/créatrice de haute couture ?

Portés par ‘Le souffle de l’architecte’, nous avons découvert, à la Fondation Cartier, près de Montparnasse, les travaux/œuvres par l’architecte indien Bijoy Jain. A notre arrivée, nous n’avons pas trouvé de maquette de mausolée en marbre type Taj Mahal, le spectaculaire chez cet architecte est ailleurs et demande une attention particulière. Grâce à deux conférenciers de grande qualité, nous comprenons peu à peu la démarche entreprise par Bijoy Jain et le Studio Mumbai qu’il a fondé en 1995 après des études aux USA et à Londres. Nous rentrons dans une salle ocre peuplée au sol de petits animaux blancs, des pièces rectangulaires aux murs dont la composition semble incertaine et composite, deux tables longues avec des poteries, une structure apparemment métallique au fond de la salle mais qui ne l’est pas… L’atmosphère est apaisante, les objets exposés revêtent une simplicité singulière et dégagent une unité d’ensemble au-delà de la multiplicité de leurs formes. Le lien entre ces formes ? Bijoy Jain pense son architecture à partir de la relation que l’individu entretient avec les éléments – eau, air, terre et chaleur et les ressources naturelles limitées dont il dispose. Ainsi, l’une des composantes des pièces murales que le Studio Mumbai fabrique pour certaines demeures en Inde est la bouse de vache. Son architecture n’est pas marquée par la volonté de laisser une trace indélébile dans le temps. La structure métallique accrochée au mur appelée, ‘Tazia’, est faite de bambous, corde et boue de rivière ; un monument funéraire destiné à se dissoudre dans l’eau à la fin d’une cérémonie religieuse. Fragilité, éphémérité et impermanence, absence d’écrans, de musique écrite touchent intimement les visiteurs et nos élèves… Seul un gong résonne, de temps à autre, dans le hall d’entrée en verre de la Fondation entouré par un jardin.

En fin de matinée, nous quittons ce lieu évolutif et en recherche pour nous diriger vers le Musée des Arts Décoratifs au Louvre où la styliste/créatrice hollandaise, Iris Van Herpen, interroge et s’interroge sur la place de l’humain dans le monde du vivant. Apparente rupture avec ce que nous avons découvert dans la matinée mais aussi continuité…La recherche de Van Herpen s’appuie sur l’observation scientifique des océans, source de toute vie sur Terre. L’artiste crée et prolonge les liens entre l’humain et ce monde aquatique, non point en sculptant nos sens ‘Sculpting the Senses’, comme elle le dit, mais en sculptant les objets de notre perception au sein de cette exposition. L’œil de nos élèves est inlassablement attiré par les robes aux formes et matières insolites qu’elle a conçues. A picture is worth a thousand words’. Madame MASSON et moi-même vous laissons apprécier ces photos – un corps de femme prolongé en méduse ou en lave de volcan, suggestibilité des couleurs et des formes. L’esthétisme de Van Herpen, au -délà de sa foudroyance artistique, nous rappelle ce qu’est notre source de vie, l’eau.

Lors de cette exposition, il est impossible d’oublier certaines créations, où l’esprit s’échappe dans une nébuleuse marine et cosmique. Ici, le recours à la technologie par l’artiste n’est pas là pour pointer à un homme ou une femme augmenté(e) et à une espérance transhumaniste mais l’art de Iris Van Herpen vise à retrouver une essentialité et un sens à la vie par nos sens. Peut-être notre issue pour poursuivre notre chemin sur cette Terre.

Enfin, nous nous sommes retrouvés Place Colette, lieu de la Comédie Française, pour reprendre le métro, le train sans attendre demain. Nous remercions les élèves de HLP d’avoir été attentifs et curieux lors de cette journée lumineuse.

Frédérique MASSON et Marie-Pierre BEAULIEU, mars 2024.